Manifeste
Bookinou dans les écoles

© Félise Moreau

Contexte

Dans une note datée du 16 novembre 2021, le Ministère de l’Education Nationale déclare la lecture, grande cause nationale, en précisant qu’en effet la lecture constitue un vecteur de transmission du savoir, de culture, d'égalité des chances et, au-delà, d'épanouissement personnel pour les élèves. Depuis plus de vingt ans, la France connaît un accroissement du nombre de ses élèves en difficulté face à la compréhension écrite. Ces difficultés sont objectivées par les résultats de la récente étude PISA (OCDE, 2019). En 2011, les difficultés touchaient déjà environ un élève sur cinq en début de 6ème (Daussin, Keskpaik & Rocher, 2011). Ces deux études font état d’un écart considérable entre les élèves en fonction de leur milieu socio-économique et d’un accroissement des inégalités entre les élèves les plus avancés et ceux qui le sont moins. Pourtant, les nouveaux programmes de l’école maternelle (2021*) réaffirment la place primordiale du langage à l’école maternelle, notamment de l’acquisition de la langue française, langue de scolarisation, comme condition essentielle de la réussite de toutes et de tous.

L’importance de lire, raconter des histoires

Lire, raconter des histoires aux enfants, ou commenter, raconter ensemble un livre sont des pratiques familiales courantes dans les classes sociales moyennes et supérieures. Les familles participent ainsi, plus ou moins consciemment, au développement du langage de leurs enfants tout en pratiquant une initiation à la culture du livre (Canut et Vertalier, 2012). L’exposition des enfants aux livres favorise leur apprentissage de la lecture et de l’écriture car ils comprennent que les mots imprimés dans le livre sont les mots dits à l’oral. Dès les années 1970, Lentin (1972) insiste sur « l’extraordinaire et jusqu’à présent irremplaçable entrainement au langage que représente l’histoire racontée, re-racontée, racontée encore et encore » (p. 172). Or, certaines familles ont peu ou pas accès aux livres, certaines sont dans l’incapacité de lire des histoires à leurs enfants, de lire dans la langue de scolarisation de leurs enfants (2,5 millions de personnes en situation d’illettrisme en France en 2021) et l’accès à la lecture de certains enfants est ainsi compromis.

La mobilité du Bookinou (sac nomade) permet d’entrer dans les familles. L’ergonomie du boitier, connue des jeunes enfants, leur permet d’écouter et de reécouter des histoires à l’école comme à la maison. C’est un outil qui participe à l’acculturation de tous, à donner une valeur à l’objet livre dès le plus jeune âge et à développer le goût de la lecture (cf. fiches bibliothèque nomade et bibliothèque sonore du guide pédagogique Bookinou).

Les prédicteurs importants d’une entrée dans la lecture réussie : connaissance des lettres, vocabulaire et compréhension orale

Pour la troisième année consécutive, des évaluations nationales sont proposées aux élèves de CP, CE1 et 6ème à différents moments dans l’année. L’objectif de ces évaluations est de repérer dès le début de l’apprentissage de la lecture les élèves en retard ou à risque de le devenir et de proposer des outils ou dispositifs permettant d’y remédier. Parmi les compétences les plus échouées au niveau national chez les élèves de CP-CE1, on peut noter la connaissance du nom et du son des lettres, le vocabulaire ainsi que la compréhension de phrases et de textes.

Pourtant, la méta-analyse de Puolakanaho, Ahonen, Aro et al. (2007) indique trois puissants prédicteurs de la réussite ultérieure en identification de mots écrits : la dénomination rapide de lettres, les habiletés phonologiques et la connaissance de lettres. La connaissance du nom des lettres exerce une influence sur le développement de la connaissance du son des lettres et des associations lettres-sons et donc de l’entrée dans la lecture (Hillairet de Boisferon, A., Colé, P. & Gentaz, E., 2010). Or, plus de la moitié des élèves de CE2 ne connaissent pas l’intégralité du nom des lettres de l’alphabet (Briquet-Duhazé, 2015) alors qu’il s’agit d’un des attendus de fin d’école maternelle.

Le niveau de vocabulaire est également identifié depuis longtemps comme un prédicteur puissant d’une entrée réussie en lecture et plus largement d’une réussite scolaire (Lieury, 1991). Entendre encore et encore la même histoire, c’est ancrer du vocabulaire dans le cerveau. Les enfants apprennent en effet du vocabulaire à travers l’expérience (des situations de communication et d’échange) et des situations qui ont du sens pour eux. La littérature jeunesse se prête particulièrement bien à cet apprentissage et quel bonheur d’entendre et réentendre une histoire racontée par ses proches ou son enseignant. N’oublions pas que dès 5 ans, les enfants de milieu défavorisé peuvent entendre, en une année, jusqu’à 30 millions de mots de moins qu’un enfant de milieu favorisé (Hart et Risley, 2003) et que cet écart considérable est prédictif de difficultés ultérieures face à l’entrée dans la langue écrite (lecture, écriture, compréhension…).

Enfin, la compréhension des textes écrits entendus est le meilleur prédictif de la compréhension en lecture en fin de CP.

Compte tenu de ces résultats de recherche et des instructions officielles, il apparaît que Bookinou est un outil qui permet aux enfants de développer de nombreux prédicteurs à l’entrée dans l’écrit (connaissance des lettres, accroissement du vocabulaire, compréhension orale de phrases et de textes) en plus de nourrir leur imaginaire, leur créativité et le plaisir du livre et de la lecture.

L’importance de la mémorisation

« Apprendre en se remémorant et en mémorisant » constitue l’une des 4 façons d’apprendre en maternelle, telle que précisée dans les programmes : « Les opérations mentales de mémorisation chez les jeunes enfants ne sont pas volontaires (…) Le langage qu’ils entendent aide à l’apprentissage et joue un rôle fondamental dans les opérations de mémorisation ». Bookinou est un outil particulièrement adapté pour aider les enfants à mémoriser du vocabulaire, des comptines, des chansons ou dans le cadre des langues étrangères.

© Céline Souchon

Vers une école inclusive

Le service public de l’Éducation nationale « reconnaît que tous les enfants partagent la capacité d’apprendre et de progresser. Il veille à l’inclusion scolaire de tous les enfants, sans aucune distinction ».**

Pour devenir pleinement inclusive, l’École doit remettre l’accessibilité des apprentissages et l’adaptation de l’environnement scolaire au cœur de sa pratique. Une école où chacun se sent chez soi est un pas important vers une société où chacun compte. En apprenant ensemble dans des écoles inclusives, les enfants trouveront normal, plus tard dans leur vie, d'interagir les uns avec les autres. Cela créera une société fondée sur la tolérance, l'inclusion et la justice sociale.

@maitresseenbaskets

Bookinou est un outil pleinement inclusif. De part ses multiples utilisations possibles (cf. fiches pédagogiques), il permet aux enseignants de proposer une pédagogie différenciée en offrant la possibilité à chacun d’écouter des histoires adaptées à sa zone de compétences et ses centres d’intérêt. En ce sens, Bookinou s’adapte à tous les enfants ordinaires et « extra ordinaires », à besoins éducatifs particuliers :

• Les enfants non lecteurs,

• Les enfants en difficultés de lecture et de compréhension (phrases, textes, consignes), malentendants, dyslexiques… : vitesse de lecture modulable, adaptation possible d’un casque pour malentendants afin de faciliter l’écoute…

• Les enfants en difficultés de résolution de problèmes, Les enfants allophones,

• Les enfants dysmnésiques,

• Les enfants hospitalisés, malades,

• Les enfants qui n’ont pas accès au langage…

Bookinou : un outil pédagogique au service de toutes et tous.

© Ju Dsg
© Céline Souchon
@astucesdebubus

Pour conclure, le Bookinou participe au développement d’une culture commune, d’un accès facilité pour tous au monde du livre et la possibilité qu’il offre de pouvoir écouter des histoires racontées par la voix du maître, de la maîtresse ou des proches (personnes connues de l’enfant) ou par des voix d’enfants participe activement au développement affectif et émotionnel des enfants. Les enseignants sont unanimes : « un lien affectif fort se crée entre Bookinou et l’enfant ».

Fanny De La Haye-Nicolas Maîtresse de Conférences en psychologie cognitive Responsable du Master HG2DS (Handicap, Difficultés et Grandes Difficultés Scolaires) Chargée de mission école inclusive INSPE de Bretagne Co-auteure du dispositif Apprentilangue et du logiciel TACIT

Laurence Le Corf Directrice École Maternelle et enseignante en TPS/PS Maître formatrice (Pemf) - Co-auteure de MHMaternelle

*https://eduscol.education.fr/document/7883/download

** Loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République du 8 juillet 2013, modifiant l’article L.111-1 du Code de l’éducation.